Le Mystère du Béton Romain Dévoilé
Le Colisée, Rome, 2è s. ap. J.-C (gauche) Le Panthéon, Rome, 2è s. ap. J.-C (centre) Le Panthéon, Rome, 2è s. ap. J.-C, Le dôme en béton (droite).
Les experts en béton se demandent aujourd’hui comment faire un béton durable. Beaucoup de bâtiments en béton Romains antiques sont toujours utilisés après plus de 2000 ans. Pour ces experts du béton moderne, les Romains étaient des constructeurs chanceux en cela qu’ils ont apparemment simplement employé des dépôts de pouzzolane naturelle, qui se trouvaient être appropriés pour produire un mortier hydraulique. Contrairement à cette déclaration, notre étude linguistique et la nouvelle traduction du livre de l’auteur latin Vitruvius “de Architectura” (1er siècle av. J.-C) démontre que la magnifique qualité du béton Romain résulte de la vaste utilisation de mortiers pouzzolaniques artificiels et des bétons. Deux pouzzolanes artificiels ont été intensivement fabriqués :
- Argile kaolinitique calcinée, en latin testa
- Pierres volcaniques calcinées, en latin carbunculus
Voir dans #D Les mortiers de pouzzolanes artificielles chez Vitruve: évolution historique et archirtecturale et #E À la recherche du Carbunculus .
En plus de ces ingrédients réactifs artificiels, les Romains ont employé un sable volcanique réactif naturel nommé harena fossicia à tort traduit comme le sable de fosse ou simplement le sable par des auteurs modernes. Les ingrédients testa, carbunculus et harena fossicia ont été intensivement employés dans des constructions Romaines. Ces ingrédients réactifs ne doivent pas être confondus avec le pouzzolane traditionnel dont le nom est originaire de la ville de Puzzuoli, près de Napoli (Mt Vesuvio). Selon le Livre de Vitruvius V, 12, le pouzzolane traditionnel a été exclusivement employé pour la fabrication de quais d’escale dans la mer ou des fondations pour des ponts, tandis que harena fossicia, carbunculus et testa ont produit un béton pour des constructions sur la terre.
La technologie du béton romain était plus efficace que la construction traditionnelle avec la pierre de taille. Le tableau compare le temps de construction pour les dômes des monuments les plus célèbres du monde.
Monument | Diamètre du Dôme | Date ap. J.-C | Durée | Matériau |
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Panthéon Rome | 43.30 m. | 118-125 | 7 ans | béton |
Ste-Sophia Istambul | 32.60 m. | 532-537 | 5 ans | béton |
St-Pierre Rome | 42 m. | 1400-1564 | >50 ans | pierre |
Cathédrale Forence | 42.20m. | 1420-1434 | 14 ans | tuile+béton |
St-Paul Londres | 30.80 m. | 1675-1710 | 35 ans | pierre |
Panthéon Paris | 21 m. | 1755-1792 | 37 ans | pierre |
Temps de construction pour les bâtiments en dôme faits en béton ou en pierre taillée
Analyse des Ciments Romains à Haute Performance
De la fouille des ruines Romaines antiques, on sait qu’approximativement 95 % des bétons et des mortiers constituant les bâtiments Romains se composent d’un ciment de chaux très simple, qui s’est durci lentement par l’action de la précipitation du dioxide de carbone CO2, venant de l’atmosphère. C’est un matériau tendre qui a été employé essentiellement dans la fabrication de fondations et dans des bâtiments pour le peuple. Mais pour la construction de leur “ouvrages d’art”, les architectes Romains n’ont pas hésité à employer des ingrédients plus sophistiqués et chers. Ces ciments Romains remarquables sont basés sur l’activation calcique d’agrégats céramiques (testa) et de riches tuffs volcaniques alcalines (cretoni, pozzolan) ensemble avec de la chaux. L’excès de chaux qui n’a pas réagi chimiquement, se recarbonate lentement en Ca-carbonate au contact du gaz carbonique de l’air. L’analyse minéralogique conventionnelle ne fournit pas d’explication satisfaisante sur le mécanisme de durcissement. Également, à la suite d’une puissante analyse spectroscopique MAS-NMR de ces ciments archéologiques, on a été capable de distinguer deux analogues de ciments géopolymériques Romains archéologiques, datant au 2è s. ap. J.-C. Voir l’analyse scientifique sur ces ciments Romains à hautes performances dans l’article numéro 28 des actes du congrès de Géopolymère ’ 99 et dans les Archéo-analogues. (en anglais)
Des institutions d’ingénieries civiles, qui travaillent particulièrement aux problèmes liées au stockage de l’eau (des réservoirs, des aqueducs) ont exigé un matériau très performant et une technologie spéciale. On sait que la technologie de ce premier analogue de ciment Romain, sous le terme technique générique d’Opus Signinum, est obtenu en mélangeant des céramiques écrasées et tamisées, en latin testa, avec de la chaux. Selon l’Auteur Romain Plinius (l’Histoire naturelle, Livre 35, 165), cette technologie a été reconnue comme : ”… une des inventions les plus spectaculaires de l’humanité …” L’ingrédient testa est une poudre céramique spéciale d’argile kaolinitique calcinée (oxyde d’alumino-silicate) et donc identique à l’ingrédient MK-750 (ou kandoxi) des ciments géopolymériques modernes. Nous avons réalisé une spectroscopie NMR 29 Si et 27 Al sur des échantillons d’Opus Signinum datant du 2è siècle ap. J.-C. Leurs spectres sont identiques à ceux des ciments géopolymériques GEOCISTEM modernes.
Le deuxième analogue de ciment Romain implique l’utilisation de pouzzolane artificielle nommée en latin Carbunculus. L’analyse a été effectuée sur des échantillons d’Ostia, des 2è et 3è siècle de notre ère.
Voir l’analyse scientifique sur des ciments Romains dans Archéo-analogues. (en anglais)