#G: Construction des pyramides d’après Hérodote

IXth Egyptology Congress, Grenoble, 2004
Construction des pyramides d’après Hérodote:
Etude lexicologique des termes grecs krossai et bomides
dans Hérodote (II, 125) : étymologie égyptienne ou grecque ?
par
Frédéric Davidovits

Hérodote (II, 125) au début de son texte sur la construction de la pyramide de Khéops utilise krossai et bômides, mots rarissimes dans la littérature grecque, pour désigner la forme en “degrés de la pyramide”. L’emploi par Hérodote de bômides, traditionnellement traduit par “plates-formes” ou “autels”, est surprenant, car pour désigner les degrés de la pyramide, il pouvait se servir ici de termes plus courants, qu’il utilise ailleurs (anabathmos “degré, marche”, bathron “base, degré, marche…”). Quant à krossai, on le rapproche traditionnellement d’un mot identique usité dans l’Iliade d’Homère. Mais, on peut aussi envisager l’origine égyptienne du terme. Dans cette hypothèse, krossai peut être l’adaptation phonétique d’un mot égyptien, khes (O 41 de Gardiner) signifiant “bâtir”. On sait que les touristes grecs avaient des interprètes égyptiens (hermèneis), qui avaient appris le grec à l’oreille avec une grande facilité. On pourrait alors expliquer l’apparition de krossai et bômides dans le texte par les échanges verbaux qu’Hérodote avait avec son interprète. Pour décrire les degrés de la pyramide, le traducteur “grécise” le signe O 41 khes signifiant “bâtir” et Hérodote comprend krossai. Voulant insister sur le côté religieux de la pyramide, l’interprète choisit un terme grec qui contient à la fois l’idée de marche et de religion et il invente un mot nouveau : bômides.

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